Plages d’Algarve et de l’Alentejo – Lisbonne

Pas de nouvelles depuis notre entrée au Portugal, désolé mais nous étions trop occupés par les virées sur les plages…

 

Nous sommes à présent à Lisbonne depuis 4 jours et nous prenons le temps d’alimenter le site et de faire le point sur quelques petits changements dans notre projet de tour de l’Europe qui s’imposent en ces temps pandémiques. Les fermetures de frontières dans tout le continent, les confinements et les quarantaines nous obligent pour le moment à suspendre notre itinéraire vers l’Est.

 

Nous avons parcouru ces deux dernières semaines les plages du Sud-Ouest du Portugal pour notre plus grand bonheur. Les praias de Marinha, Carvalho, Ingrina, Cordoama, Amado, Odeceixe etc... Nous connaissions déjà la plupart d’entre elles mais c’est toujours aussi beau et reposant. Ici les surfeurs ont remplacé les retraités et les plages sont beaucoup plus sauvages. Il fait beau et chaud, les petits finissent vite dans l’eau.

 

Lisbonne elle aussi est toujours aussi agréable et semble plaire aussi aux enfants qui ont marché au-delà de nos espérances. Comme à chacune de nos virées lisboètes on a déjeuné à Santa Rita pour le plus grand plaisir de notre fille, on a flâné dans le Bairro Alto et Santa Catarina, et le lendemain on a traîné à la Lx Factory. Les monuments sont fermés pour cause d’État d’Urgence nationale à cause du Covid-19 et on a senti la différence entre vendredi et samedi suite au discours du président portugais.

 

Ici l’heure n’est pas encore au confinement généralisé comme en France ou en Espagne mais l’ambiance commence à se tendre. On a donc choisi pour les prochains jours de faire quelques provisions, les pleins de gaz et d’eau, pour ensuite s’isoler des grandes villes (et des gens inquiets) sur quelques plages désertes en attendant que tout cela se calme... si ça ne prend pas trop de temps. Après on verra bien !

 

En attendant on se doute que ça doit pas être facile en France en ce moment, on pense fort à vous tous en espérant que tout va bien.

 

Posté le 15/03 de Lisboa

Confinement à la praia do Malhao

 

Après 23 longs jours de silence nous voilà de retour…

 

En quittant Lisbonne nous sommes partis vers le Nord pour aller faire le plein de gaz (GPL) dans une station repérée à l’avance, puis nous avons fait de grosses courses à Peniche en prévision du confinement. Déjà les files d’attentes devant les magasins et quelques rayons vides. Nous nous sommes ensuite calés en forêt, à l’abri du vent, où nous avons fait la connaissance de deux surfeurs allemands. En effet en essayant de trouver un coin pour dormir nous nous sommes ensablés et leur petite voiture a suffit à nous sortir de ce mauvais pas alors que la nuit tombait déjà. Ils ont ensuite mangé avec nous au chaud dans le camion. Depuis Mano pense que si on s’ensable à nouveau seuls des surfeurs pourront nous sortir de là !

 

Le lendemain on a repris la route vers le Sud alors qu’en France tout le monde s’enfermait pour le 1er jour de confinement. Nous avons roulé toute l’après-midi et nous sommes arrivés au début de la nuit un peu au sud de Sines : la praia do Malhao. Nous ne pensions pas encore à ce moment là que ce serait notre plage de confinement à nous.

 

En effet trois semaines plus tard nous sommes toujours à la praia do Malhao. Nous en sommes à notre quatrième calage, on bouge sur les différents parkings, au gré de nos envies ou des ordres de la police maritime. Nous n’avons pas à nous plaindre, le paysage est magnifique, la plage, ou plutôt les plages, immenses et changeantes en fonction des marrées et de la météo. De nombreux sentiers de randonnées partent vers le Nord ou le Sud pour rejoindre d’autres criques en passant par d’impressionnantes falaises. On a même de l’eau douce qui coule d’une source à une demi-heure de marche où nous remplissons régulièrement nos bidons.

 

Au bout de quinze jours on a quand même essayé de bouger, ne serait-ce que pour faire quelques courses et un vrai plein d’eau, et aussi pour fuir la pluie. Pas de problème pour ces deux missions en revanche la pluie nous a suivis. Nous sommes descendus de quelques dizaines de kilomètres sur une plage où nous avions déjà dormi trois nuits cette année, la praia do Amado à côté de Carrapateira. Le parking en terre était vide ou presque. On comptait rester là quelques jours pour changer d’air mais en pleine nuit, à une heure du matin, nous sommes réveillés par la GNR (gendarmes) qui nous demande gentiment de quitter cette plage immédiatement et de rentrer en France dès le lendemain. Douche froide. Gros moment de doute et de déprime.

 

Le lendemain, 31 mars, après mûre réflexion, nous reprenons la route vers le Nord en croisant les doigts : on va tenter de rejoindre Malhao, au moins pour y déjeuner, au mieux pour y prolonger notre « confinement » avant le retour inéluctable en France. Sur la route les contrôles policiers se multiplient mais nous passons au travers. Bonne surprise en arrivant, ici rien n’a changé, toujours une douzaine de camions dont des nouveaux, des Français, à qui nous demandons si la police est passée. Ils nous répondent que non et qu’ils ont vécu à peu près la même chose quelques jours auparavant un peu plus au Nord, mais que la police elle-même leur a conseillé de venir ici. On se réinstalle sur notre petit terrain isolé avec le sentiment d’être revenu « à la maison ».

 

Bonne surprise de ce retour, les Français ont des enfants : des copains pour Mano et Rita. Lune, six ans, et son frère Yare, trois ans. Ils sont super contents de se faire des copains de voyage.

 

Depuis la météo est capricieuse, beaucoup de vent, pas mal de pluie. Nous sortons balader dès que le soleil se pointe.

 

Le temps commence quand même à être long. Aujourd’hui cela fait trois semaines pleines que nous sommes au même endroit et nous n’avons absolument pas l’habitude de cela nous qui changeons normalement tous les jours ou presque de bivouac. On ne se plaint pas mais c’est une forme de confinement en camion…

 

Tous les jours nous réfléchissons à la suite, tentant de prolonger toujours un peu plus notre périple. Pour l’instant nous avons décidé de laisser passer la semaine de Pâques, lors de laquelle le confinement au Portugal doit se renforcer, puis nous verrons bien ensuite comment ça évolue ici, en Espagne, en France et dans le reste de l’Europe.

 

Bon courage à vous tous pour cette quatrième semaine de confinement qui commence en France, on espère que tout va bien, à bientôt.

 

Posté de la praia do Malhao le 07/04

Suite et fin du confinement à Malhao

 

43 nuits à Malhao. En quatorze années de voyage en camion c’est un record absolu d’immobilisme. Pandémie oblige.

 

Nous avons tout de même passé de bons moments sur cette praia de Malhao qui restera longtemps dans nos mémoires. Nous avons fait un tour d’Europe sur place grâce à tous les gens que nous avons rencontrés sur le parking, nos voisins de confinement, une véritable communauté villageoise européenne : des Allemands en nombre, des Lituaniens, un Suisse, des Hollandais, une Basque en couple avec un Français qui vivent aux Açores (les parents des copains de Rita et Mano), un Belge, des Marocains, etc. Nous avons fêté Pâques tous ensemble autour d’un grand banquet, où chacun a apporté un plat, qui a duré une bonne partie de la journée pour se finir au coucher du soleil par un festival de cirque en musique. Excellents souvenirs.

 

Durant ce mois nous avons pêle-mêle : fait nos premiers barbecues, pour le plus grand plaisir des enfants ; fêté l’anniversaire de Lune avec une chasse au trésor dans les dunes et un gâteau sorti du four du camion ; rencontrer Yann un artiste du Tarn qui a repeint le camion de Jo le Lituanien ; visité des dizaines de fois les « fêtes » et les « maisons » fabriquées par les enfants ; mangé le poisson de Régis et assisté à son retour de la chasse au poulpe ; eu la visite quotidienne de la GNR, plus ou moins sympathique selon les équipes ; nagé dans les vagues et promené sur la plage tous les jours ; fait du yoga sur les pontons de bois avec une vue magnifique sur l’océan ; fait des tours de vélo avec Mano qui nous le demandait toutes les heures ; fait des randonnées dans la forêt ou sur les falaises vers « la plage du souriant » (nommée ainsi par Rita, car nous y avons tracé dans le sable un immense smiley) ; fait de courtes et rares escapades à Odemira pour les courses et le plein d’eau ; et tant d’autres choses…

 

Le 28 avril nous avons fêté notre départ (enfin) autour de pizzas de Milfontes avec les copains des enfants, Lune et Yaré, leurs parents, Régis et Amaya, et deux autres copains français, Yann et Loïc. Le lendemain nous reprenions enfin la route.

 

Un nouveau départ : la rivière de Torgal puis le barrage de Santa Clara

 

À seulement 40 km de Malhao nous trouvons une belle rivière et une clairière parfaite pour nous accueillir : la ribeira do Torgal. Nous y passons une semaine. Au programme : troupeau de chèvres qui nous envahis ; randonnée dans de superbes gorges ; baignade dans l’eau glacée de petits lacs naturels ; feu de camp presque tous les soirs ; fabrication de bateaux en liège et d’un port fluvial miniature par les enfants ; ukulélé à l’ombre des arbres ; premières grosses chaleurs dignes d’un plein été ; communauté hippie qui viens se rafraîchir avec chevaux, moutons et chiens. Après plus d’un mois à Malhao le dépaysement est total et ça nous fait beaucoup de bien.

 

Au bout de cinq jours nous partons faire le plein de gaz à Sines et au retour nous tentons de trouver un calage au bord d’un lac. La pandémie nous rattrape : les abords du lac en question sont fermés par des rubalises de la GNR que nous tentons de contourner par des pistes mais c’est un échec ; nous retournons à la ribeira do Torgal pour deux jours supplémentaires.

 

Arrêt suivant au barrage de Santa Clara, en direction de l’Ouest. Nous y restons deux jours pour profiter de l’eau du lac, bien meilleure que celle de la rivière. Mano nous fait des scènes car il a peur de se baigner à cause des poissons, après deux ans de bébé-nageur ça nous fait quand même râler. Nous trouvons également de la sciure, si précieuse pour nos toilettes sèches et dont on vient à manquer, dans une forêt récemment éclaircie. Enfin nous assistons au lever de la « super Lune » énorme et jaune telle un lever de soleil. Splendide.

 

Mertola, Mina de Sao Domingo & Pulo do Lobo

 

Départ pour l’extrême sud-ouest de l’Alentejo. Nous admirons le château de Mertola et pique-niquons au bord du Guadiana avec ses moulins à eau qui ressemblent à des bunkers. Nous visitons ensuite l’ancienne mine abandonnée de Sao Domingo à la frontière espagnole. Les ruines nous fascinent mais le lac acide nous laisse perplexes. Rita est très intéressée, elle pose des centaines de questions. Le soir nous prenons de toutes petites routes dans la campagne en direction du Pulo do Lobo (Saut du Loup), une cascade perdue le long du Guadiana. Les paysages de fleurs et de chênes épars sont magnifiques.

 

Le lac d’Alqueva, Monsaraz et les mégalithes du sud de l’Alentejo

 

Direction à présent plein Nord, vers la plus grande retenue d’eau artificielle d’Europe : le lac d’Alqueva et ses 250 km². Le temps est devenu maussade et la pluie s’invite, on se fait même quelques frayeurs en camion dans les pistes boueuses. Nous faisons le tour de cet immense lac en plusieurs jours. Partout des routes se finissent dans l’eau, menant vers d’anciens villages engloutis. Encore et toujours des fleurs et des chênes.

 

Nous visitons le village fortifié de Monsaraz, son château et ses remparts. Un peu de tourisme nous fait le plus grand bien. Nous partons également à la recherche des mégalithes de la région. Encore une fois Rita est fascinée. Nous avons également droit au détour d’une piste au premier vomi de Mano, tant redouté depuis le départ.

 

Enfin nous poursuivons notre quête archéologique avec le cromlech dos Almendres, un peu plus au nord-ouest, dans les environs d’Evora. Des dizaines de pierres dressées parmi lesquelles nous zigzaguons, seuls, sans autre touristes en vue. Il faut dire qu’il pleut et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous ne visitons pas Evora et fuyons les nuages.

 

Fin du littoral alentejan & côte d'Estremadure

 

Après un week-end passé de nouveau à Malhao, où nous retrouvons les copains après deux semaines, nous continuons le littoral alentejan vers le Nord. Nous contournons ensuite Lisbonne et la péninsule de Sintra pour reprendre le tracé de côte au niveau d’Ericeira. Sur la route nous achetons à Decathlon, dans la banlieue de Lisbonne, un bodyboard et des épuisettes pour les enfants. Drôle d’expérience que cet achat en temps de Covid : un magasin de sport en drive.

 

Nous continuons de monter vers le Nord entre Ericeira et Peniche puis au-delà jusqu’à Leiria. La côte est plus urbanisée, mais nous réussissons à trouver quelques plages sympas et un peu sauvages. On en profite pour pratiquer le bodyboard dans les bras des rivières qui se jettent dans l’océan, les vagues étant un peu trop grosses pour Rita. Mano s’éclate dans cette eau douce, plus chaude que la mer, où il a pied et s’en donne à cœur joie. De plus en plus de monde sur les plages bien qu’elles restent encore en grande partie désertes en dehors des week-ends.

 

À Leiria nous changeons les quatre pneus arrières, un de ceux-ci nous ayant lâchés sur la route. Bonne opération, un jour férié, dans un garage très efficace et sympathique. Pour clore la journée nous trouvons même de la sciure, de la vraie cette fois et non des copeaux ramassés dans la forêt, dans la zone industrielle de Marina do Grande. Le gars est en congé mais dans l’atelier, il est très gentil et nous en donne autant qu’on en veut.

 

Lac de Cabril

 

Cap dans les terres, vers le Nord-Est, en direction des montagnes. Nous nous arrêtons en route pour déjeuner au bord d’un lac. Nous y resterons finalement quatre jours. L’endroit est magique, l’eau du lac est chaude et limpide. Nous guettons durant toute la première journée une place avec table, il faut dire que nous sommes arrivés samedi. Le soir enfin on se pose sur une presqu’île du lac, un calage parfait, au pied d’un grand pin. Les journées passent entre ballades en vélo sur la piste avec Mano, baignades régulières, car il commence à faire très chaud, école en plein air pour Rita, lecture et farniente. Le soir on arrive à attraper quelques écrevisses à l’épuisette. Les pêcheurs défilent, le soir quelques jeunes viennent boire un coup et se baigner.

 

C’est certainement un de nos plus beaux calage depuis le début du voyage et c’est presque à regret que nous le quittons pour aller faire des courses et continuer la route vers les montagnes.

 

Les montagnes de la serra d’Estrela

 

Après une nuit en chemin sur une plage fluviale, lieu de rassemblement du patelin d’à côté, mais calme la nuit, nous arrivons enfin au Parc naturel d’Estrela, plus hauts sommets du Portugal. Les routes sinueuses de la serra d’Estrela nous enchantent. Entre les genêts en fleurs et les boules de granit, les forêts et les torrents. La route met à l’épreuve le camion : il chauffe un peu dans les cols, rien d’inquiétant, et je dois m’habituer à descendre en frein moteur à 20 ou 30 km/h pour ne pas faire fumer, au sens propre, les freins.

 

À plus de 1500 mètres d’altitude nous arrivons au bord d’un joli petit lac granitique mais le restau-bar en pleine rénovation et le parking tout penché ne nous tentent guère. Nous trouvons finalement notre bonheur quelques centaines de mètres plus loin, en pleine montagne, au pied des boules de granit à l’orée d’une forêt-fantôme calcinée. Nous fêtons les 100 jours de voyage en camion. Le paysage est envoûtant. Là encore nous restons plus longtemps que prévu, trois nuits, malgré les orages en soirée.

 

La côte au Nord de Porto : les derniers jours au Portugal

 

Avant de quitter le Portugal nous avons décidé de passer les derniers jours au bord de l’océan, direction la côte Nord, au-dessus de Porto. Les premières dizaines de kilomètres sont très industrielles, puis trop urbanisées. Au milieu des routes pavées qui mènent au littoral nous trouvons néanmoins deux parkings de plage agréables. Ballade sur les pontons en bois et dans la lande, au milieu des vieilles cabanes de pêcheurs, plage, bodyboard pour Rita, « beach-art » à la craie sur le bois ou aux pastels sur les galets. On profite des derniers jours au bord de l’océan atlantique et on prépare notre retour.

 

La traversée de l’Espagne

 

Nous décidons de traverser l’Espagne d’une traite. Environ 900 km de la côte portugaise à Anglet en France. Cela nous évite de dormir en Espagne car on ne sait pas trop si nous avons le droit en ces temps de pandémie. Les policiers frontaliers espagnols ne le savent apparemment pas plus que nous. En entrant sur le territoire ils nous donnent une autorisation de transit avec le nombre de personnes, la plaque d’immatriculation et l’heure. Mais ils ne sont pas clairs sur le temps autorisé pour traverser : 8 ou 10 h mais on a le droit de dormir dans le camion… on n’a pas tout compris, donc on trace. Le déconfinement a à peine commencé en Castille-Leon et les déplacements sont encore contrôlés. Personne sur l’autoroute à part quelques camions de marchandises. Nous arrivons à la frontière française vers 23 h, des CRS contrôlent nos passeports au premier péage mais ne veulent pas de l’autorisation espagnole, on rentre chez nous. Une heure plus tard environ on trouve un parking de forêt dans Anglet. Nous sommes impressionnés par la capacité des enfants à encaisser les kilomètres et les heures de routes, on s’en souviendra pour la suite, ils sont hyper-sages, jouent pendant des heures, écoutent des histoires et ne se plaignent quasiment pas.